Thème 4. Influences croisées de Nouvelle-Aquitaine et d’outre-mer : une approche patrimoniale.
Cette étude de la culture matérielle ouvre dès lors tout naturellement sur une approche patrimoniale des influences croisées de Nouvelle-Aquitaine et d’outre-mer. Il s’agira ici de s’inscrire dans la continuité du programme mené entre 2001 et 2008 sur l’inventaire des lieux de mémoire de la Nouvelle-France, associant le Poitou-Charentes et le Québec. Plus récemment encore, la démarche a été transposée au Sénégal, avec un volet lié au patrimoine colonial[1]. À l’occasion de ces projets, la méthodologie a été testée et validée, des modalités de collaborations établies entre les équipes de l’Inventaire et les laboratoires universitaires, en lien étroit avec les centres documentaires (archives départementales et municipales, Service historique de la défense à Rochefort). Les retombées de ces projets ont été concrètes et ont donné lieu à de très nombreuses initiatives en matière de valorisation culturelle des données ainsi collectées (par de nombreuses collectivités territoriales et associations, mais aussi par des entreprises privées du secteur touristique) : parcours touristiques, expositions, fils documentaires, reportages télévisés, émissions radiophoniques, pièces théâtralisées, etc. Notre propos est donc d’appliquer cette méthodologie à l’espace néo-aquitain, avec l’objectif d’offrir au plus grand nombre une base de données en ligne, susceptible d’alimenter tous types de projets à vocation culturelle, scientifique, pédagogique ou touristique (y compris le tourisme des racines et/ou de mémoire), voire d’aménagement urbain. En raison de l’ampleur de cette thématique, il serait irréaliste de prétendre la traiter intégralement dans le cadre de ce programme de trois ans. Nous avons donc choisi de tester cette méthodologie en nous attachant au traitement des traces patrimoniales protestantes, qui nous semblent particulièrement caractéristiques de l’espace néo-aquitain, qu’il s’agisse de La Rochelle et des ports saintongeais, étroitement liés à leur arrière-pays, de Bordeaux, ou du Béarn, ces territoires s’intégrant dans le « croissant réformé », qui, de Genève à La Rochelle, contourne le Massif central par le sud. Durant les guerres de Religion, La Rochelle et les ports saintongeais organisent la course huguenote et luttent pour le contrôle des ports et des voies navigables (fleuves, rivières). L’ouverture atlantique encourage également, surtout après la révocation de l’édit de Nantes (1685), bien des familles à s’expatrier dans les pays dits « du Refuge », y compris en direction des Treize colonies anglaises (États-Unis) et de la « colonie du Cap » (Afrique du Sud). Ainsi, bien des protestants – qu’ils soient soldats, commerçants, marins ou agents de l’État – ont laissé des traces de leur séjour dans les colonies françaises (Canada, Antilles, Guyane), et donc un patrimoine « en miroir » avec leur région d’origine. Les traces mémorielles sensibles héritées des périodes de conflit qui ont marqué profondément le territoire feront l’objet de parcours culturels (routes touristiques), avec une déclinaison numérique (web) et la publication d’un ouvrage illustré, en lien avec les masters professionnels Patrimoines & Tourismes des Universités de Pau et de La Rochelle. Pour cette entreprise, les potentialités territoriales des associations historiques du nouveau territoire, telles que le Centre d’étude du protestantisme béarnais (CEPB), le musée Jeanne d’Albret à Orthez et la Société de l’Histoire du Protestantisme dans la Vallée de la Dordogne (SHPVD), à Sainte-Foy et le Musée rochelais d’histoire protestante seront mises à contribution dans une démarche fédérative pour identifier un patrimoine original susceptible de renouveler l’offre traditionnelle touristique. Il est à noter qu’au-delà des partenaires précédents, d’autres institutions ont d’ores et déjà montré leur volonté de contribuer au projet, que ce soient les services de l’Inventaire de la région Nouvelle-Aquitaine (apports de méthodologies, élaboration des bases de données Web, comités scientifiques conjoints pour valider les données mises en ligne), les différents centres documentaires de la région – archives départementales, Service historique de la Défense à Rochefort (gratuité des droits de reproduction pour livres, plaquettes touristiques et sites Web ; aides diverses à la recherche) ou des institutions à vocation touristique, comme le Centre international de la Mer à Rochefort ou le Musée maritime à La Rochelle (accueil de tables rondes et de colloques ; valorisation des données, par des expositions, des conférences, etc.).
[1] Le projet a donné lieu à l’ouvrage Voyages en pays seereer. Le Sine-Saloum (Sénégal), des patrimoines en partage, dirigé par Mickaël Augeron, Fabrice Bonnifait, Amade Faye et Raphaël Ndiaye